Lou festin di loups

 

Savez vous pourquoi à Clans, le loup est un symbole clansois ? 

Certes c'est bien un ours qui marche sur son blason, une œuvre héraldique héritée de la famille Orcières (parfois nommée Orsis ou Orsiers selon les textes), branche cadette des Seigneurs de Montorcier, qui régnèrent sur la région du Haut-Champsaur au XVème siècle. L'ours est donc un des symboles les plus représentés dans la région PACA. Les descendant·e·s de cette famille régnant sur le fief de Clans à cette époque, avaient pour devise “Toujours courageux dans l’adversité”, inscrite encore aujourd'hui en latin, au dessus de la porte communale. 

Mais c'est bien le loup qui représente Clans dans la tradition populaire. Car beaucoup de familles clansoises avaient des patronymes dérivés du Loup en latin : "lupus", "lupin", "lubonis", "lobo", "lubo".
 
Le comité des fêtes de Clans, qui organise la fête patronale, s'est approprié le loup hurlant à la lune comme emblème. J'aime à penser qu'il représente la fougue de la jeunesse et tout le boucan qu'elle peut faire avec ses fifres, ses tambours et ses chants traditionnels niçois, que la foule entonne lors des aubades.
 
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, le festin de Clans a toujours été une fête très attendue. Chaque année, dans tous les articles que j'ai écrit pour les différents journaux et sur le blog de Clans, j'en ai parlé avec beaucoup d'émotion. C'est un événement qui me force un peu à sortir de la sériosité du travail. Il est situé après la Nuit du Conte, à la fin des résidences artistiques de l’Atelier Expérimental et me permet de décompresser juste avant le festival du jeu. Il me fait partager un moment festif avec mes potes d'enfance, sans avoir à endosser la casquette d'organisatrice ou de bénévole. Autrement dit, je regarde sans rien faire et avec compassion le comité des fête courir partout, sachant que je serai à leur place deux semaines plus tard pour Clans sort le grand jeu.


Cette année, j'ai vraiment eu la sensation de passer un cap dans mon appréciation de ce moment. Là où c'était pour moi une grosse beuveries avec les potes à danser jusqu'au matin, j'ai aujourd'hui eu plus de mal à rentrer dès le premier soir dans une ambiance un peu viriliste, par endroits. Puis j'ai observé les garçons du comité des fêtes, avec leurs loups brodés sur leur t-shirts, qui ont appris à jouer eux-même du fifre et du tambours pour animer le village. J'ai admiré les filles, plus fortes et plus badass les unes que les autres. Ces jeunes ont donné tout ce qu'ils et elles avaient, pendant que moi je me dirige progressivement hors de la trentaine, dans un environnement plus posé, entourée des enfants de mes proches qui s'imprègne de cet univers.

J'ai été très émue par le fils d'un couple d'ami·e·s qui, haut comme trois pommes, tapait sur un petit tambour peint avec un loup. Malgré les aspérités de cette fête produites par la consommation excessive d'alcool, il est impossible de rester insensible au sentiment de communauté que ce moment génère. Alors que le chant des cigales se mêle à la rumeur vrombissante des personnes accoudées au bar, c'est l'atmosphère qui nous enivre plus que le vin. Et nous nous laissons emporter par la frénésie ambiante, lâchant toutes les tensions du quotidien, pour apprécier ces cinq jours qui nous laissent avec une extinction de voix, des courbatures et des acouphènes.
 
Je vous laisse switcher à droite de cette photo insta pour regarder quelques images vidéos jusqu'à la fin, pour découvrir dans quel état m'a laissé ce festin.
 
 

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